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20centimes.info

Journal intemporel

Les brumes et l'océan. Par Lionel Degouy.

Bon. C'est le bordel. On va pleurer, encore. On va tuer les voisins, assassiner son chien, bouffer du cheval. Demain sera éternellement demain. Seulement voilà, on aime. On aime très fort le vent des nuits d'été, la chaleur d'un feu de bois les jours d'hiver. On aime un autre que soi-même. Parfois. Souvent. Toujours. Alors s'installe en nous l'étrange capacité que nous avons de vivre heureux. On va pleurer, c'est sûr. D'amour. Pas moins, pas plus. C'est déjà, là, le sens profond de toute la comédie humaine. Vaudeville sorti des seuls déboires de l'Homme, l'Histoire est bien risible en somme : nous n'avons rien construit et tout nous fût donné. C'est bien la seule des théories que nous puissions, en connaissance de cause, reconnaître comme nôtre. L'évidence des coups reçus n'a pas d'alternative réelle. Nous sommes bien morts de la coupable envie que nous avions de vivre. Vivre. Un peu. Plein de l'étonnant bonheur qu'ont les Hommes de se savoir mortels. Ne passer là qu'un peu, trainer quelques instants sur cette terre, s'évaporer dans l'amour qui souvent vient. Nous sommes tranquilles, apaisés, certains qu'après la mort nous nous retrouverons tous pour glisser sur le temps, les brumes et l'océan.

La contradiction ne doit plus nous faire peur : nous avons trop souffert pour cela. Mais reste la poésie, le rêve et l'incompréhensible. L'incompréhensible : une heure passée près d'un point d'eau dans un verger pendant la guerre, le miracle à la portée du plus incrédule des humains.

Les brumes et l'océan. Par Lionel Degouy.
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